Journée de l’Écoconception Numérique 2025 : ce qui nous a marqués

Nicolas, Alexandre et Manuel s’y sont rendus, en plus de Damien qui faisait partie du comité d’organisation en tant que membre des Designers Éthiques. Tous les quatre ont particulièrement apprécié cette journée. Nous vous proposons donc un petit tour de table des conférences et ateliers qui les ont le plus marqués.

L’écoconception pour tous

Avant d’entrer dans le détail des conférences et ateliers, nous tenions à applaudir la qualité de cette Journée de l’Écoconception 2025. En plus d’être vecteur d’une vision responsable du numérique, en toute bienveillance, la JEN25 a été pensée en cohérence avec les valeurs véhiculées : badges en papier non plastifié avec une ficelle en laine, buffet végétarien et 0 déchet, vélotypie pour chaque conférence, pas d’affiches ou drapeaux publicitaires imprimés uniquement pour l’événement… Aurélie Bâton nous racontait d’ailleurs les coulisses de l’organisation dans la Capsule Design 15 de notre podcast Salut les Designers.

C’est également un événement ouvert à tous les professionnels du numérique. Que vous travailliez dans le développement web, dans la gestion de projet, la communication digitale ou le design, par exemple, vous êtes les bienvenus. Vous trouverez à la fois des conférences très techniques et d’autres beaucoup plus axées sur la recherche”, dédiées à la sensibilisation.

“Géopolitique et empreinte territoriale du numérique”

Animée par Ophélie Coelho, chercheuse indépendante, cette conférence était une restitution d’un travail de recherche sur l’impact du numérique sur la géopolitique. C’était un véritable moment de sensibilisation pour se rendre compte que nos usages du numérique peuvent avoir une incidence, notamment en Afrique. En effet, l’accès à la fibre est inégal selon les pays, ce qui crée des déséquilibres de pouvoir, par exemple.

L’impact environnemental des data centers a aussi été mentionné : il semblerait qu’il soit largement sous-estimé. À tel point que leur consommation électrique pourrait entraîner un arbitrage entre la fourniture d’électricité de ces infrastructures et des logements. En Afrique du Sud, certains quartiers seraient parfois privés d’électricité à cause de cela. Ophélie Coelho a d’ailleurs partagé un article illustrant cette situation à Londres. Il montre qu’en Europe nous sommes encore épargnés par ces problèmes mais que ça ne tardera pas à arriver. Cela reste pour autant insoutenable de savoir que cela se produit déjà dans certaines parties du monde.

Évidemment, a été soulevée la question de l’impact des nombreux data centers qui vont être construits pour répondre à la demande croissante de l’Intelligence Artificielle…

“Évaluer pour éco-concevoir ? Promesses et limites de l’Analyse de Cycle de Vie appliqué aux sites Web”

Cette conférence était présentée par David Ekchajzer, co-fondateur d’Hubblo et membre de Boavizta. Nous ne pouvions pas la manquer puisque nous concevons de plus en plus de sites écoconçus pour nos clients.

David Ekchajzer venait questionner l’évaluation de l’écoconception d’un site web par l’Analyse du Cycle de Vie. Les méthodes existantes comme celle-ci sont souvent très interprétatives, ce qui implique certaines limites. Par exemple, elles ne prennent pas en compte le contexte du service. Un site Internet est peut-être moins écoconçu qu’un autre, pour autant, sa marque défend des valeurs responsables, alors que certains sites sont complètement écoconçus bien que les services ou produits qu’ils vendent soient moins engagés.

La conférence n’apportait pas une réponse toute faite à ces limites car il n’existe pas encore d’outils parfaits. Elle permettait cependant de repartir avec des pistes de réflexion pour évaluer l’écoconception de la façon la plus complète possible.

Après son intervention, Alexandre en a profité pour poser quelques questions à David Ekchajzer au micro de Salut les Designers. L’épisode sera bien disponible.

“Comment ouvrir une voie et saisir les opportunités grâce au RGESN ?”

Cette intervention était en fait un double retour d’expérience de l’implémentation de bonnes pratiques du RGESN dans des projets, avec un exemple dans le secteur public et un second dans le secteur privé.

Lorie Peron, Head of Ops chez Monsieur Guiz, a témoigné du projet réalisé pour la plateforme Okoo de France Télévisions. Cécile Sambourg, Consultante en numérique responsable et architecte fonctionnelle à Orange Business Service, est elle aussi venue partager son expérience en interne. Leurs deux témoignages étaient différents, par les démarches choisies au sein de leur projet mais riches en inspiration. Elles ont apporté des clés concrètes pour renforcer la démarche en écoconception d’un service, quand les équipes n’y sont pas encore familières.

“Allonger la durée de vie des terminaux : les solutions de l’ouverture”

Cette conférence était signée Mathilde Longuet, ingénieure informatique.

Alors que nos appareils électroniques engendrent beaucoup de pollution et ne sont pas produits dans des conditions éthiques, il est urgent de trouver une solution pour les rendre plus durables. En tant que concepteurs de services numériques, nous avons un rôle à jouer concernant leur accessibilité : comment créer des interfaces web utilisables même sur des terminaux bas de gamme ou vieux ?

Mathilde Longuet est venue apporter des solutions pour allonger la durée de vie des appareils. Cela implique notamment la conformité aux standards et la prise en compte des problématiques autour de l’obsolescence programmée.

“Balade urbaine des infrastructures numériques”

Limites Numériques invitait les participants à suivre le chemin de la box Internet du bâtiment, dans le quartier afin de rendre visible les infrastructures urbaines du numérique. En passant par différents lieux et en suivant des câbles, le groupe a pu apprendre à différencier une antenne 4G d’une antenne 5G et a pu voir des datacenters.

Cette balade donnait une dimension très concrète et matérielle de nos usages du numérique.

“Messe funéraire de l’anthropocène”

Afin de détendre l’atmosphère face au sérieux des sujets abordés, les Designers Éthiques avaient organisé un moment de recueillement pour les objets électroniques partis trop tôt (ou qui n’auraient simplement pas dû être conçus comme ils l’ont été). Ce diaporama humoristique était présenté par Thomas Thibault, co-fondateur de Limites Numériques.

C’était un moment indéniablement drôle et rafraîchissant permettant de pointer du doigt ces produits que l’on a tous vus passer mais qui sont tout sauf écoconçus : inutiles, jetables, non réparables… Thomas Thibault a ainsi rendu hommage aux bracelets à LED des concerts de Taylor Swift ou aux cigarettes Puff (désormais interdites en France).

Bien qu’humoristique, cette conférence a permis de faire un rappel de la surprodroduction permanente d’objets inutiles et non durables.

“IA un problème !”

Pour clôturer cette journée, quoi de mieux que de mettre en lumière l’impact de l’IA ? Plus qu’un simple impact, l’IA a, en réalité, un impact multiple sur notre monde, notamment sur la consommation d’énergie, les enjeux sociaux ou encore démocratique… Cette conférence a été l’occasion de découvrir de manière factuelle les conséquences d’un usage croissant -exponentiel- de l’IA au travers de données chiffrées effarantes.

L’équipage en est ressorti avec des éléments concrets, utiles pour nous aider à trouver un équilibre dans notre utilisation de cette technologie.

“Y’a-t-il quelque chose après l’écoconception web ?”

Cette conférence était une pure démonstration de l’hypersobriété, par Arthur Pons, informaticien et Derek Salmon, designer-développeur. Grâce à des slides réalisées via une interface textuelle communiquant avec un Raspberry Pi à Strasbourg, ce duo a prouvé que l’on peut faire beaucoup avec très peu. La consommation de leur dispositif était très faible par rapport aux alternatives habituelles, d’autant plus qu’ils n’ont intégré aucune image. En effet, ils en ont profité pour rappeler qu’il était possible de se passer d’images dans la plupart des cas. Leur système a même permis de recueillir des réponses des participants, affichées en direct sur l’écran.

En plus d’être une intervention marrante, elle a participé à élargir le champ des possibles ou de l’acceptable (ce qu’on appelle aussi la fenêtre d’overton). En montrant que l’on peut faire tant avec peu, en ayant “simplement” construit quelque chose de techniquement très poussé, cela vient questionner nos habitudes.

“Forum Ademe & Arcep – Appliquer le RGESN : défis et solutions”

Cet atelier, animé par l’ARCEP et l’ADEME notamment, était l’occasion d’échanger sur les expériences de chacun avec le RGESN (Référentiel général d’écoconception de services numériques). Damien et Manuel ont, par exemple, pu partager leur expérimentation dans le cadre d’un audit RGESN pour Les Champs Libres. Ce moment a été particulièrement constructif, aussi bien pour l’ARCEP afin de recueillir des besoins d’améliorations, que pour les participants, soucieux de concevoir des projets à faible impact.

Bilan de cette édition de la Journée de l’Écoconception Numérique

Nous félicitons les Designers Éthiques pour l’organisation d’un événement si inspirant et promoteur d’un numérique plus responsable.

Plus qu’une sensibilisation aux enjeux environnementaux, c’est une ouverture aux opportunités offertes par l’écoconception pour les métiers du numérique. Nous espérons que cette journée aura marqué une évolution vers des actions plus concrètes et plus poussées sur le sujet pour nombre d’entre eux.

Des replays seront disponibles, ils seront logiquement accessibles via la page PeerTube des Designers Éthiques.