Rédiger et publier sa déclaration d’éco-conception web
Après de longs mois de travail, votre service web conçu dans une démarche de sobriété numérique est enfin en ligne. Il est temps de rédiger la déclaration qui atteste ce que vous avez accompli. Nous avons rassemblé quelques conseils pour vous aider.
Publié le 20 mars 2025
Vous travaillez depuis des mois sur votre projet web éco-conçus, ou vous projetez de vous lancer ? Quoi qu’il en soit, vous en passerez inévitablement par une phase studieuse d’audit et d’analyse du nouveau service web. À l’issue vous rédigerez une déclaration d’éco-conception du service, afin d’expliquer votre démarche et les résultats obtenus. Il n’y a clairement pas une seule et bonne façon de s’y prendre. Pour autant, nous avons trouvé nos marques dans cet exercice ces dernières années. Nous vous partageons des pistes pour ne rien oublier quand viendra votre tour de rédiger votre propre déclaration.

Avant propos : Qu’est-ce qu’une déclaration d’éco-conception web ?
Il s’agit d’une page web de votre service dans laquelle vous allez tout simplement (ou presque) expliquer l’ensemble de votre démarche de sobriété numérique. De sa raison d’être à l’analyse de l’interface, vous en ferez globalement le tour. Cela vous permet, d’une part, d’avoir une documentation publique des moyens que vous avez engagés pour en arriver à ce résultat, mais aussi de lister ce que vous projetez d’améliorer. C’est un excellent moyen d’exemplariser le travail accompli et de donner à d’autres l’envie de s’y mettre en rendant cela moins opaque, plus concret et atteignable.
Que retrouve-t-on dans une déclaration d’éco-conception web ?
1. Précisez la démarche de sobriété numérique et d’éco-conception
Les personnes qui découvriront cette déclaration auront naturellement un niveau de connaissance hétérogène de ce que sont les notions de sobriété numérique ou d’éco-conception. Il est alors important de rappeler pourquoi ce processus à été engagé. Factuellement vous pouvez rappeler des chiffres clefs par exemple :
- Le numérique est responsable à lui seul de 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiaux (Rapport du GIEC 2022),
- Cet impact du numérique est en constante augmentation et tend à être multiplié par trois à l’horizon 2050 en l’état actuel de nos modes de vie et de consommation (Rapport de l’ADEME 2023).
Expliquez ce qui vous a alerté et ce qui a motivé l’initiation de ce projet à la lumière des enjeux environnementaux (et même sociétaux) du numérique.
En somme, il s’agit d‘inscrire ce travail de sobriété numérique au cœur des engagements propres de votre organisation. Engagements que vous pourrez détailler par la suite.
2. Partagez l’engagement de votre organisme
Être sensible individuellement aux impacts du numérique est une chose. S’engager collectivement en est une autre. Si vous avez engagé ce projet, c’est qu’il résonne avec le positionnement global de votre structure. Il est important de l’évoquer, de le rendre public et, peut-être en finalité, inspirer et questionner d’autres acteurs. Peut-être que ce travail s’est inscrit dans une démarche RSE, un engagement numérique responsable, ou que sais-je ? Pensez-bien à l’évoquer. Ce qui peut sembler évident pour vous, ne l’est pas nécessairement pour tout le monde. Et c’est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de l’exercice de cette déclaration en réalité. Racontez-vos engagements, faites-en un livre ouvert avec plus ou moins de détails selon ce que vous souhaitez partager.
3. Expliquez la raison d’être de ce service numérique
Les fondations de l’éco-conception numérique reposent sur votre capacité à évaluer si votre service est lui-même utile : Les utilisateurs sont-ils clairement identifiés ? Leur rendra t-on réellement service par l’existence même de cette interface ? Est-ce la bonne façon d’accompagner les usagers ?
Vous avez nécessairement réfléchi à tout cela avant d’opérer une refonte ou entamer la création de votre service. Expliquer votre démarche, c’est avant tout prendre le temps de la questionner à nouveau en portant un regard critique et transparent sur votre projet.
4. Livrez l’évaluation d’un échantillon représentatif de pages
Évaluer la qualité du travail réalisé en faveur de la sobriété numérique en passe nécessairement par la mesure. À ce titre, plusieurs outils permettent d’évaluer les améliorations portées sur les différentes pages d’un service numérique. Dans le cas d’une refonte, vous pouvez réaliser une évaluation avant et après les améliorations apportées. Plusieurs outils d’évaluation existent comme l’ÉcoIndex de Green IT ou des services comme ceux de Greenspector par exemple.
En prenant l’exemple d’une analyse ÉcoIndex Green IT, il est ainsi possible de préciser que la notation à évoluer par exemple de D à C avec une évolution de la notation sur 100 points de 48 à 66, soit une progression de 18 points.
L’idée est de répéter cette analyse sur un ensemble de pages représentatives des fonctions principales du produit numérique étudié.
Note : Il est important de préciser que ces scores ont leurs limites : Ils évaluent très bien un certain nombre de métriques sur des pages données (ex. poids de la page, taille du DOM et nombre de requêtes pour l’ÉcoIndex Green IT). Cependant ils ne permettent pas une analyse suffisante du point de vue des parcours, de l’utilisabilité, etc. Il convient donc de compléter l’analyse d’un audit plus complet, comme le RGESN par exemple qui intègre des notions plus globales et représentatives.

Retour d’expérience : Les Champs Libres et le RGESN
Avec Les Champs Libres nous avons pu réaliser notre premier audit RGESN version ARCEP de bout en bout. On vous raconte.
5. Déclarez l’évaluation du score d’avancement de conformité RGESN
Avant tout, précisons, qu’il existe plusieurs référentiels disponibles pour évaluer l’éco-conception. De notre côté, nous utilisons le RGESN, le référentiel officiel de l’ARCEP et l’ARCOM (en partenariat avec le gouvernement via la DINUM, la CNIL et l’INRIA depuis 2024). Il propose une analyse complète du service à travers un ensemble complet de critères multi-métiers, incluant aussi bien l’utilisabilité, que la conception, les contenus ou encore la raison d’être du service, que j’évoquais précédemment.
Une fois ce travail d’audit réalisé, il convient de le restituer dans votre déclaration d’éco-conception numérique. On affiche alors le score d’avancement (en pourcentage) obtenu suite à l’analyse du service. On peut également détailler ce score par sections – elles sont au nombre de neuf – pour obtenir un aperçu par thématiques. À noter que la grille d’audit devra être consultable et téléchargeable pour afficher le détail de l’analyse et attester de la bonne foi de votre analyse. Je vous invite également à faire apparaître la date de publication des différents audits réalisés dans cette section.
« Il est préférable de rappeler dans cette section ce qu’est le RGESN et pourquoi il a été utilisé. Encore une fois, cela peut guider des acteurs moins avancés que vous sur le sujet, mais qui ont envie de prendre le chemin de la sobriété numérique. »

6. Relever les améliorations identifiées
Soyons pleinement conscients que le travail réalisé n’est jamais parfait. Au contraire, restons très à l’aise avec ce sujet. Un chantier d’éco-conception peut être complexe et a fortiori plus le service est lui-même conséquent. Il est très probable qu’il subsiste des améliorations identifiées mais non réalisées pour des raisons de moyens (humains, financiers, organisationnels…). En revanche, lister toutes les améliorations détectées et avec transparence, atteste de l’ambition de ne pas en rester là et de poursuivre une démarche qui s’inscrit dans la durée.
Vous pouvez même organiser ces axes d’amélioration dan un plan pluri-annuel précisant ce qui est prévu en termes d’optimisation du site mais aussi autour de cette démarche plus généralement (améliorations, formations et certifications de l’équipe…)
7. Bonus : Miser sur le storytelling pour plus de clarté et de motivation
Vous le comprenez, bien rédiger sa déclaration d’éco-conception nécessite de rassembler un grand nombre d’informations amassées tout au long du projet. Il est possible de rester très concis en analysant avant tout les chiffres et les améliorations apportées. Rappelons toutefois, que cette déclaration porte également une vocation inspirationnelle. Plus elle sera éclairante, plus elle facilitera la compréhension de la démarche à vos pairs et leur permettra à leur tour de s’inscrire dans un processus de sobriété numérique. C’est alors l’occasion de raconter plus en détail le chemin parcouru, les étapes traversées, voir partager des conseils, des outils, ou des méthodes (comme la Méthode de l’Écumoire par exemple).

Atelier écoconception
La Méthode de l’Écumoire
Conceptualisée par notre équipe, cet atelier qui vient répondre aux besoins de rationalisation des fonctionnalités. Vouloir lancer ou refondre un service, c’est très bien. Le faire en intégrant sa cible, ses objectifs et les enjeux de sobriété numérique, c’est encore mieux.
À vous de partager vos résultats ?
Rédiger la déclaration d’éco-conception est l’ultime étape d’une course de fond qui vous aura mené à la mise en ligne d’un service plus cohérent. Cet exercice est plaisant dans la mesure où il permet de retracer les étapes qui ont permis d’en arriver là et d’apprécier leurs bienfaits avec le recul nécessaire. Retenons qu’à l’image de l’ensemble de la démarche d’éco-conception, rédiger cette déclaration n’est certainement pas un travail à réaliser en solitaire. Il sera aidant de s’entourer des autres acteurs du projet pour ne rien omettre. De notre côté, nous co-rédigeons cette déclaration avec nos clients en leur proposant une première version que nous enrichissons ensuite collectivement de manière à proposer un contenu à la fois solide, personnalisé et inspirant.